Ostra do Sado
Cevejatia -restaurante à Setubal

      ^       
 

En arrivant du parc naturel de l’Arrábida on découvre par la route côtière Setubal. Un petit groupe d'immeubles plantés sur une île, au milieu de la baie, face à la ville, ne donne pas envie d'aller plus loin.  Mais bon, on avait prévu... C'est marrant quand tu es touriste tu commences par ne voir que les trucs moches. Normal : c'est pas à ton programme. A Setubal  on est gâté à l'entrée c'est ces quatre  tours qui insultent la nature et à l'autre bout des structures industrielles qui s'avancent sur la mer... Pas carte postale du tout.  Longeant  la mer on trouve fatalement  le  port. Sacré grand port avec une multitude de bateaux où le bleu domine. Devant, un vaste espace bétonné, permet de se garer facile. On peut imaginer sous le macadam et le béton une autre histoire...
Quelques terrasses  attendaient. Il était 16 heures environ. Il faisait chaud. Pour se faire un coin  de parasol il a fallu débarrasser une table, vestige du repas du midi. C'est là que j'ai fait connaissance avec le  plus grand pescatore du Portugal et peut-être même du monde, preuve en est c'est lui qui le dit. En tout cas pour accrocher le client il connait sa partition. Il ranime son charbon de bois. Et c'est dégustation de couteaux grillés, de pieuvres. Pour accompagner mon coca light... pas mal !.
Le pescadore  ne parle pas français, pas grave c'est un visuel. La patronne oui,  facile sa mère est française. Une histoire d'émigrée. Son grand père un breton qui passait par là a été charmé par cette ville, le coup de cœur ... Il repart en Bretagne pour revenir très vite avec une bourriche d'huîtres et sa petite famille dans la valise en carton... L'affaire a pris très vite de l'importance. Dans le restau de grandes photos témoignent du temps de gloire où l'ostréiculture faisait travailler beaucoup de monde... Aujourd'hui on élève plus d'huître ou très peu je crois...
Le mari de la patronne, disons le patron parle aussi un très bon français. Son grand père, à lui, avait une usine de conserve de sardines sur le port.. Dans la salle du restau tu as aussi les  photos du temps des sardines... Ces deux  là devaient se rencontrer.

Trop tard. Pas question de manger, on devait rentrer.  Et bien sûr qu'on leur a dit : on reviendra... comme on dit  en vacances...

Pourtant, la semaine d'après, nous étions de retour et cette fois-ci à midi et en avance. Balade obligée sur le port. Passant près de bâtiments qui devaient être les halles on entendait des gueulantes violentes. Un homme buriné par l'océan, la silhouette svelte, âgé d'une cinquantaine en sortit vociférant. Pas besoin de comprendre le portos pour traduire...  qu'il crevait de faim, qu'il ne pouvait plus vivre de la pêche, que c'était de la faute de l'Europe... Il avait peut-être pas tort. Combien restera-t-il  de petites barques bleues dans 10 ans.... On peut imaginer comme dans nos ports 7 ou 8 gros chaluts, un port presque mort ou de plaisance.... C'est vrai aussi qu'il faut bien limiter la pêche quand les poissons disparaissent. Pourquoi  ne pas limiter la taille des bateaux... Pourquoi  fatalement le plus gros mange les petits.. N'y a-t-il pas moyen de trouver un compromis avec des bateaux de taille raisonnable qui ne ratisseraient pas les fonds marins....Le soir à la téloche on a vu qu'il y avait des manifestations de pêcheurs ce jour là...

 La serveuse, plutôt jolie, déroule le menu mais c'était sans notre pescadore qui décida. Ce sera un mixte.. Ce fut la totale de poissons grillés. Un régal en toute simplicité. Ras là !. Et pour terminer une addition extrêmement agréable. Ça ne gâte rien !

Si tu passes par là tu peux prévoir le restau, pas la peine d'ouvrir le guide, je te garantis... d'ailleurs je n'ai pas vu de touriste, tant mieux pour la tranquillité. Pourtant ce port, cette  ville qui le prolonge a  un charme ordinaire, comme j'aime. Vu des quais, les immeubles qui insultaient la nature ne sont pas si mal... Comme quoi.
Joseph Dolo 6 septembre 2006



 



©Dollo ou Dolo Toute reproduction sans l'accord   l'auteur de l'œuvre  n'est pas autorisée.