Les abcès de fixation

Humeur
(février 2008) - Jean-Claude Ponçon


     
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Je me souviens de l’époque où, dans l’importante société pour laquelle je travaillais, l’on créait ce qui s’appelait un abcès de fixation lorsqu’il fallait détourner l’attention du personnel et des syndicats d’une autre action ou d’un projet qui paraissait prioritaire aux yeux du P.D.G.

L’astuce consistait à provoquer un conflit secondaire dans lequel on noyait l’essentiel. À ce détournement d’attention, il fallait ajouter ce qui s’appelait « Le flou artistique », c’est-à-dire la rédaction d’une note qui disait l’essentiel et son contraire (ou presque !)

Le temps  passe, mais les techniques demeurent. Aujourd’hui, on fait dans le spectacle, le visuel, le virtuel à une cadence telle que les problèmes de fond s’effacent, s’oublient au profit d’un évènementiel qui semble anesthésier le bon peuple !

N’imaginez pas qu’on invente, que d’un seul coup ce trompe-l’œil et l’esprit soit une géniale et moderne trouvaille. Le Versailles de Louis XIV en fut un magnifique exemple, pendant qu’on y pratiquait l’art d’admirer et de s’incliner, les caisses se vidaient, la guerre et la faim passaient pour pertes et profits…

Une différence de taille pourtant, la société pour laquelle je travaillais, la France du Roi Soleil, chacune dans son domaine furent comme on dit maintenant « leader ».

Les agitations, les mascarades qu’on nous propose maintenant ne sont que le pâle reflet d’une nation à peine visible dans le kaléidoscope du monde !

 

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