Les Beauces

Extrait de La peine à jouir (2004)



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J’habite au bord de la plaine, aux confins du Perche, côté cour, côté jardin...
Côté cour, la Beauce, l’horizon agricole ponctué de points, de virgules, de pierres et d’exclamations en forme de clochers.
J’en connais beaucoup des Beauces, difficile de résister à l’envie d’en partager une ou deux avec vous :

Le chemin qui monte imperceptiblement ralentit son pas. Les maisons du village apparaissent au loin vautrées dans la verdure avec leur clocher dressé comme un coq au milieu de sa troupe de pondeuses au repos...
Un chevreuil immobile au bout d’un champ le regarde. Il s’arrête. L’homme et la bête s’observent… Ces animaux quittent de plus en plus souvent l’abri des bois, surtout l’été à l’heure des blés mûrs, plus rarement en cette saison d’après chasse… Celui-là se décide à bondir un instant au-dessus de la marée montante des jeunes blés, puis il s’arrête soudain et l’observe à nouveau, il fait mine de cueillir une herbe sans le quitter des yeux et enfin s’éloigne tranquillement le mufle au vent vers l’horizon ; silhouette insolite au milieu des champs…
Il regarde les blés qui se couchent sous le vent avec des reflets argentés à la moindre brise… Quelque chose rend l’air plus transparent qu’à l’ordinaire, le regard porte jusqu’à la grande plaine au-delà de Vieilleville;

Il aime cette Beauce submergée par le printemps, cette terre des confins qui vient mourir en pente douce sur le Loir. Aucune frontière n’est visible, on change par ici de département sans changer d’horizon. La grande houle du sol propose à l’œil un paysage qui semble unique ; les mêmes bosquets rares piqués de quelques sapins, les mêmes villages petits convois de pierres étirés le long d’une route ou hameaux, fermes solitaires, récifs sombres émergeant à peine d’une vague du sol...



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